Religion : les rituels funéraires


Pour les égyptiens, la mort n'est qu'un passage vers un autre monde, l'au-delà est un monde parallèle dans lequel on vit comme dans le monde terrestre. Le corps du défunt est momifié, afin de garder sa réalité pour l'éternité. J'aborde ici, les thèmes suivants: la momification, les sarcophages, les rites et les croyances sur l’au-delà et j'essaie de vous expliquer ce qu'est le Livre des morts.


La momification:

Osiris momifié, 47 Ko Pour les Égyptiens, le passage dans une autre vie ne peut s'opérer que si le mort reste intact. L'embaumement et la momification ont permis la conservation d'une grande quantité de corps. Les techniques de momification ont pour but de conserver au mort l'apparence qu'il avait de son vivant. Le corps est d'abord débarrassé de ses viscères et de son eau puis embaumé, rempli d'herbes aromatiques et médicinales, afin de le préserver de la destruction. Ensuite, soigneusement enveloppée avec des bandelettes, la momie est couverte d'amulettes protectrices. Mais ce n'est pas suffisant. Elle est enfin placée dans plusieurs cercueils, eux-mêmes emboîtés dans un sarcophage ­ du moins pour le roi et les dignitaires. Chaque cercueil est sculpté à l'image du défunt. Les vases canopes, dans lesquels ont été déposés les viscères, et des petites statuettes, les oushabtis, veillent sur son repos. Tous ces objets portent des inscriptions et des vignettes chargées de symboles.

Hérodote décrit ainsi la méthode d'embaumement :
"Ils extraient tout d'abord le cerveau à travers les narines au moyen d'un crochet de métal. Puis, avec un couteau, ils font une ouverture près de la hanche, extraient tous les intestins, nettoient l'abdomen en le rinçant avec du vin de palme et des épices grillées. Ils remplissent ensuite l'abdomen avec de la myrrhe pure broyée, du cassier et d'autres épices à l'exception de l'encens, puis ils cousent l'anus. Ceci fait, ils placent le corps dans le salpêtre pendant soixante-dix jours – c'est le temps accordé pour l'embaumement. Passés les soixante-dix jours, ils lavent le corps et l'enveloppent entièrement de bandes de lin enduites de mastic. Puis ils rendent la dépouille aux parents du défunt. Ceux-ci construisent une figure de bois creuse à forme humaine dans laquelle ils placent le corps, qu'ils ferment et conservent dans un sarcophage appuyé debout contre le mur."
Il y avait aussi des formules moins chères :
"Les embaumeurs remplissent leurs seringues d'huile de cédrat et remplissent immédiatement l'abdomen du mort, sans pratiquer aucune incision mais en injectant le liquide par l'anus et en s'assurant qu'il ne sorte pas. Ensuite ils embaument le corps pendant le nombre de jours prescrit. Le dernier jour, ils laissent sortir l'huile qu'ils avaient injectée. Cette huile est si forte qu'elle emporte avec elle tous les intérieurs et les intestins dissous, de sorte qu'à la fin il ne reste que la peau et les os."



Les sarcophages:

Les premiers sarcophages du début de l’ère dynastique étaient pour la plupart en terre cuite. Ce n’est qu’à partir de l’Ancien Empire que les sarcophages en pierre, en forme de parallélépipède, font leur apparition. La majeure partie de la population était cependant enterrée dans des cercueils en bois, souvent décorés de couleurs vives à l’imitation des façades des palais, recouverts d’inscriptions sacrées, les fameux "textes des sarcophages". Pendant le Nouvel Empire, les sarcophages en forme de corps humain, d’ordinaire en bois, commencèrent à se répandre. Les momies des pharaons sont placées dans des sarcophages souvent entièrement en or, sertis de pierres précieuses, richement historiés et s'emboîtant l'un dans l'autre. Ces "boîtes chinoises" en forme de momie sont ensuite placées dans un grand sarcophage de pierre de valeur, de forme quadrangulaire. Sous le couvercle l'on trouve souvent une représentation de Nout, la déesse du ciel. Photo du sarcophage de Toutankhamon, cliquez dessus! 35 Ko

A partir de la XXIVe dynastie apparaissent des sarcophages anthropomorphes en pierre dure, merveilleusement polis et élégamment décorés de simples inscriptions. L'on trouve également des cercueils plus économiques, qui deviendront de plus en plus sobres et simples, des bières de bois ou de carton de papyrus. Les dessins deviennent plus crus et hâtifs. Le masque du mort est un moulage de plâtre, ou encore il est modelé à la feuille d'or sur le visage du défunt. A l'époque gréco-romaine, le portrait du défunt figure sur de petites peintures sur bois qui sont directement appliquées sur la momie, à la hauteur du visage.
Le tombeau d'un pharaon,cliquez dessus! 27 Ko Le mastaba de Sechemnefer III, vizir (homme de confiance et sorte de Premier ministre du pharaon) de l'Ancien Empire à Gizeh. Le dessin représente la chapelle, avec son entrée à portique, et le couloir où s'ouvrent les serdabs. Au sous-sol, la chambre funéraire, avec le sarcophage, la fosse où sont conservés les viscères, et le puits vertical d'accès, soigneusement bouché ensuite. Enfin, la chapelle, et son mur ouest, décoré de scènes et de textes entre deux fausses portes, qui permettent le passage du monde des morts au monde des vivants.

Alors que la plupart des pharaons reposent dans les pyramides, certains privilégiés sont inhumés dans des tombeaux en forme de maisons, construits autour des pyramides. Les tombeaux de ces dignitaires sont appelés mastabas ("banquette", en arabe), car ils ont la même forme que les bancs que l'on trouve encore aujourd'hui devant les maisons égyptiennes. Le mastaba comporte un étage : en sous-sol, une chambre funéraire abrite le cercueil et les meubles du défunt ; en surface, une chapelle de culte et un réduit sans fenêtres, appelé serdab, où l'on range la statue du mort. Des vases canopes, 34 Ko

Le mastaba permet la survie après la mort. La momie, enfermée dans un sarcophage en pierre, est descendue dans la chambre funéraire par un puits, que l'on bouche ensuite hermétiquement. Les viscères (foie, cœur, etc.) sont déposés dans des vases appelés "canopes". Les salles de la surface sont conçues pour permettre au mort de se nourrir et de revenir parmi les vivants. Le ka, l'âme du défunt, peut sortir par une porte symbolique, passage entre le monde des morts et celui des vivants. Dans la chapelle, les prêtres et la famille déposent de la nourriture pour le défunt, et des mets fictifs, peints ou sculptés.

Un sarcophage,cliquez dessus! 42 Ko Exemple d'inhumation royale:
Le couvercle est en granit rose.
Le premier sarcophage, en forme de momie, est en bois recouvert de plâtre doré.
Un suaire de lin et un collier de feuilles et de fleurs recouvrent le sarcophage.
Deuxième sarcophage en bois doré. Il est enveloppé d'un suaire et paré de fleurs.
Le masque mortuaire, en or incrusté de pâte de verre bleu et de lapis-lazuli.
La momie repose avec des amulettes, des bijoux et des armes.
La cuve qui contient les sarcophages est en quartzite.




Les rites et les croyances sur l’au-delà:

Photo d'Anubis, 6 Ko  Banquet funéraire :
Ces fresques décorent la chapelle du mastaba de Sechemnefer III. Elles illustrent principalement la scène de banquet funéraire devant la table d'offrande. Le défunt est représenté sur sa chaise ; la femme debout, à gauche, est sa mère. Sur la table d'offrande, en pierre, les aliments et les objets indispensables ­ le pain, la natte pour s'allonger, les vases, l'aiguière pour les libations (offrandes rituelles : vin, huile, lait... ) ­ sont représentés symboliquement.

Depuis la nuit des temps, les Égyptiens croyaient en un destin stellaire de l’âme de l’homme. Après la mort, l’âme se divise en deux parties : l’une, plus spirituelle, appelée "Akh", monte au ciel où elle demeure près des astres ; l’autre, appelée "Ba", qui conserve l’individualité du défunt, continue à vivre sur la terre et sa survie est liée à celle du corps. La conservation du nom avait donc aussi une grande importance pour les Égyptiens : les murs des tombes, les sarcophages et tous les objets du trousseau funéraire étaient en effet recouverts d’inscriptions portant le nom du défunt, répété de façon obsessionnelle. On estimait en effet que, tant que la mémoire de son nom se conserverait, l’homme ne serait pas tout à fait mort. En outre, les anciens attribuaient une puissance magique au nom : le prononcer équivalait à rappeler en vie le défunt qui l’avait porté. A partir du Moyen Empire, l’ensemble de croyances lié au mythe d’Osiris s’affirma : ce dieu, mort et ressuscité, était considéré comme le souverain de l’au-delà et le juge des morts. Il pesait sur une balance le cœur du défunt, assisté en cela de Maât, déesse de la justice. Ceux qui étaient absous pouvaient retourner sur terre durant le jour et se nourrir des provisions que les membres de leur famille déposaient dans la tombe ; durant la nuit, ils montaient à bord de la barque du Soleil ou demeuraient sur la terre des Bienheureux, les champs d'"Earou".


Le mobilier funéraire luxueux des rois ne peut qu'attirer la convoitise des pilleurs de sépultures. Aussi, au début du Nouvel Empire, le tombeau royal est-il creusé dans la montagne, alors que le temple du culte est édifié dans la vallée du Nil (vallée des Rois). Gardée par des soldats, cette vallée est interdite aux vivants. Parmi les sépultures, le fabuleux tombeau de Toutankhamon riche en trésors, fut découvert en 1922 par l'égyptologue britannique Howard Carter (1873-1939).

Serviteur funéraire :
Il est paré du chapitre VI du "Livre des morts" et du nom du défunt. Les serviteurs étaient censés effectuer les travaux agricoles à la place du défunt dans le paradis d'Osiris. Déposées dans un cercueil miniature ou dans des coffrets, ces statues de serviteurs étaient en nombre variable suivant le rang du défunt (409 pour Toutankhamon).
Photo d'un serviteur de Toutankhamon, 25 Ko

Représentation de Mâat, 54 Ko Pour que le mort revive, un prêtre, après la cérémonie de purification et d'offrande, accomplit sur la momie le rite de l'"ouverture de la bouche". Le ka, ainsi animé, a besoin de son environnement quotidien pour vivre et se nourrir. L'abondance des objets quotidiens et du mobilier dans la tombe trouve là son explication. Certains sont des copies d'objets réels, d'autres des modèles réduits. Les murs de la chapelle et du caveau peuvent être décorés de scènes diverses. Pour parvenir au paradis, le défunt doit passer devant le tribunal du dieu Osiris, souverain des morts. Son cœur, posé sur la balance de Thot, doit équilibrer une plume de la Justice, Maât, sinon il est englouti par un monstre... Pour éviter les pièges des questions du tribunal d'Osiris, le "Livre des morts" est déposé dans la tombe du défunt. Ce manuel contient les bonnes réponses, assorties de petites images explicatives.




Le Livre des morts:
La majeure partie des textes de l’ancienne Égypte parvenus jusqu’à nous appartiennent aux livres funéraires. Ils étaient écrits sur les murs des tombes, à l’extérieur des sarcophages et sur les bandelettes qui entouraient les momies. Souvent, des rouleaux de papyrus contenant des formules magiques étaient insérés entre les bandelettes du défunt. Les livres funéraires contenaient toutes les informations nécessaires pour entreprendre le voyage dans l’au-delà ; de plus, ils étaient lus à haute voix durant les cérémonies funèbres. Les Égyptiens attribuaient une valeur magique à la parole écrite : les papyrus et les inscriptions contenant les textes sacrés faisaient donc office d’amulettes. Le plus important des textes funéraires était le Livre des morts. Il s’agit d’un livre "vivant", qui connut dans le temps de continuelles transformations et des ajouts ; son texte pouvait être retranscrit sur papyrus en version amplifiée ou réduite, selon les cas. Il contient la vision la plus complète de l’au-delà égyptien dont nous disposons. Le livre décrit les pérégrinations de l’âme dans le désert occidental, la traversée des marais avant de parvenir au royaume d’Osiris. Il contient aussi les formules magiques qu’il faudra prononcer pour surmonter tous les obstacles et vaincre les démons. Certaines formules servent à animer les oushabtis. Une section du Livre des morts explique comment se comporter devant le tribunal d’Osiris, comment revenir dans sa tombe ou comment monter le soir dans la barque du Soleil.




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